ALERTE ! Une folle est lâchée dans la nature ! e_e

Holly regarda avec curiosité le jeune homme en face d’elle. L’idée qu’elle se retrouvait en nuisette dans une ruelle sombre face à un inconnu ne lui effleura pas l’esprit, ou, en tout cas, ne la dérangeait pas. Mais alors pas du tout ! En face, le jeune homme la regardait fixement. Il avait l’air affamé. Et fou. Peut-être un cousin dans ce cas ? Sinon, comment expliquer qu’il était entré dans sa chambre en pleine nuit et l’avait amenée ici ?

Tiens, d’ailleurs, pourquoi une ruelle sombre ? Il allait la tuer ? Les quelques neurones encore debout de l’adolescente se connectèrent pour tenter de générer une notion de peur. En vain. Holly le trouvait très mignon. Mais pourquoi voulait-il faire un meurtre ? Pour se faire remarquer ? Elle allait ouvrir la bouche pour le questionner lorsqu’il bougea. Trop rapidement pour l’œil humain. Elle savait qu’il avait bougé puisqu’il était désormais tout près d’elle. Elle frémit. De plus près, avec la clarté de la pleine lune, elle le trouvait encore plus craquant.

Esquissant un sourire, elle posa sa main sur son épaule et se blottit dans ses bras. Il parut surpris. Moi non, elle est folle cette fille. Il serra ses poings, faisant saillir ses muscles. Admirative, Holly tenta de se détacher de lui pour mieux voir. Tenta. Il planta ses crocs dans sa gorge. Crocs ? Vampire ? C’est alors qu’elle remarqua les touffes de poils sur son corps. Ah nan. Loup-garou. Ce fut la dernière chose à laquelle elle pensa avant de s’évanouir. […]

Des voix. Plusieurs. Une, en colère. Holly ouvre un œil. Grand silence. La lumière est trop éblouissante. Holly referme son œil. Se rendort. […]

A son réveil, elle vit une gentille dame à son chevet. Allons bon. Elle était à l’hôpital maintenant ! Ou pas. Les murs n’étaient pas blancs mais noirs. La morgue ? Elle était morte ? Elle allait au Paradis ? C’était quoi le délire ? Pas question qu’elle aille picoler de l’ambroisie à poil avec des ailes ridicules ! Namého ! Elle avait encore sa fierté !

Tentant de se redresser, elle constata que jamais ses muscles ne lui avaient aussi bien obéi. Ben si c’était ça être morte, ne plus avoir de rhumatismes, très peu pour elle ! C’est alors que le jeune homme de la dernière fois arriva, l’air gêné, accompagné d’un grand black. Leur chef ? Hé ! Le jeune homme ? Donc elle était pas morte ! Ouf !

Le chef lui expliqua patiemment, mais avec l’air de celui qui contient sa fureur, qu’elle était désormais une semi à cause, je cite « d’un foutu loup-garou recruteur même pas fichu de se souvenir qu’il faut l’accord de la personne ! ». Désolée pour les gros mots, je ne fais que répéter. Le jeune homme se tortilla, visiblement mort de honte. Bah. Ca devait être cool d’être une… Comment déjà ? Semi ? D’après le black, c’était des humains transformés en loups par un vrai loup. Mais ils se changeaient seulement lors de la pleine lune. Pis ils étaient presque immortels. Cool quoi !

Holly assura à tous qu’elle adorait sa nouvelle condition. Elle dût s’habituer à sa nouvelle force mais, au final, elle s’en sortait bien. Je crois que ce fut la seule véritable chose sur laquelle elle resta d’accord tout le long de sa (trop) longue vie.

Holly remis, sans véritable succès, sa mèche derrière son oreille. Elle soupira. Ses (trop) longs cheveux étaient lisses comme de la soie, et tout simplement impossibles à attacher. Elle avait failli se les faire couper mais les cris de protestation d’Arnaud, son coiffeur, avaient ébranlé sa décision. Et, décidant de lui faire confiance, elle l’avait laissé les lui teindre en un doux rose bonbon. Ce qu’elle trouvait ravissant. Oh, bien sûr, le directeur avait piqué une crise mais elle avait fermement refusé de changer pour une couleur plus « normale ». Décision approuvée à l’unanimité par les garçons du lycée.

Holly regarda le beau soleil et soupira en pensant à sa peau d’albâtre, qui, semblait-il, était fermement décidée à ne pas bronzer. Elle acceptait avec grand plaisir de rosir, comme ses cheveux, mais la limite était un léger vermeil. Couleur qui contrastait admirablement avec ses yeux. Ses yeux. Holly en était extrêmement fière. De beaux yeux vert comme les feuilles d’été. Ou de la menthe. Elle laissait le choix de l’image. Il paraissait que, lorsqu’elle fixait quelqu’un, on se perdait dans labyrinthe. Labyrinthe antique, soit dit en passant. Vous savez, ceux en feuille ?

Holly n’était pas véritablement spéciale côté apparence. De son avis, du moins. De taille normale, peut-être légèrement plus petite que la moyenne. Mais, oh, à peine, cela ne se voyait (presque) pas ! Un peu trop fine à son goût, elle avait tenté par tous les moyens de passer le cap des quarante-deux kilos. Tiens, j’entends des exclamations ! Bon d’accord. Elle n’était pas fine. Presque maigre. Et elle n’était pas de taille à peu près normale. Elle était nettement plus petite que la moyenne. Là. Vous êtes rassurés ?

N’empêche qu’il y avait pas mal de monde au lycée (en vérité tous) qui se demandaient comment elle avait réussi à être aussi musclée. Il faut dire que ça se voyait. Un peu trop. Elle avait même des tablettes de chocolat, chose découverte lors d’une séance plage, où elle avait mis un maillot de bain deux pièces. Et puis, elle était vraiment très forte. Et rapide. Certains la suspectaient d’être bien plus rapide qu’elle ne le laissait paraître. Ce qui n’était pas faux. Mais alors pas du tout.

Souple, agile et gracieuse, elle avait tout naturellement été choisie comme chef des pom-pom girls, rôle qu’elle prenait très à cœur. Elle avait imaginé des tas de chorées et d’encouragements et avait dessiné elle-même, avec l’aide d’une de ses amies, les vêtements de l’équipe. Ce qui avait suscité des cris d’admiration. Beaucoup.

Folle.

Voilà le premier mot auquel on pense pour la décrire. Dès qu’on la connaît. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, à commencer par celle-ci. Elle change d’humeur comme de meee… hrmm… de soutiii… hrmm… Bref. Elle change rapidement d’humeur, telle une girouette. Oui. Voilà. Bonne image. Ce qui fait qu’elle passe sans problème du « On va au ciné ? » à « Oh, un lapin rose carnivore bourré de pois mauves ! »… Par conséquent, elle n’a pas véritablement de caractère défini. Ou presque.

Elle possède un humour… euh… disproportionné. Donc OUI elle parle de lapins rose carnivores et d’éléphants bleus ailés mais elle sait également raconter de bonnes blagues et on peut passer d’agréables moments en sa compagnie. Enfin je crois. Elle a beaucoup de répondant, hélas pour ses pauvres professeurs. Bah, oui. Pour la première fois de ma vie, je plains un prof.

Comme elle change rapidement de personnalité, vous pourriez vous dire qu’elle a un cœur d’artichaut. Ben c’est pas tout à fait faux. Comme sous-entendu plus haut, elle est sortie avec plusieurs… hrmmm… dizaines de garçons… Elle est un poil (notez l’allusion pourrie) possessive et met un point d’honneur à la loyauté. Chose dont elle ne parvient visiblement pas à saisir le concept.

Joyeuse en temps normal, malgré tous ses états différents, la plupart du temps, elle sourit. Mais attention ! Il existe plusieurs sortes de sourires. Le sourire joyeux. Fou. Hautain. Sadique. Et j’en passe. Ah, tiens, oui ! Sadique ! Elle l’est légèrement. Voire masochiste dans certains moments.

Voilà. Je vous vois venir. Vous vous dites que j’ai beaucoup parl… euh écrit pardon, pour ne rien dire, hein ? Ben c’est pas faux ! : D

Holly regarda la pleine lune se lever. Elle ne savait pas vraiment pourquoi mais elle adorait se transformer. Selon les autres Semis, c’état nul. Ben allez vivre une vie pourrie de lycéenne avec des profs tout aussi pourris et vous comprendrez ! En attendant… Elle sentit son corps picoter. Ca y est ! Elle se métamorphosait ! Prenant l’apparence d’une louve blond caramel, elle s’étira. Bah oui, avant elle était blonde. Elle l’était toujours d’ailleurs. Mais intérieurement. Ben oui, c’est comme ça.

Avec délice, Holly courut dans la plaine, goûtant avec plaisir le vent sur son doux pelage. Cela la dérangeait un peu qu’il ne soit pas rose bonbon mais… Déjà qu’une louve c’est pas commun, blonde de surplus, en rose, ça l’aurait pas fait. Elle ralentit. Légèrement. Une odeur venait chatouiller ses narines. Blaise ! Le jeune loup venait souvent la voir, ce qui lui faisait très plaisir. Il s’était métamorphosé également, peut-être pour se mettre sur un pied d’égalité avec elle. Hé ! Stop ! Pause ! Elle vient de faire une pensée cohérente ou je rêve ? Espérons que ça continue dans ce cas !

Blaise trottina allègrement près d’elle et frotta son museau contre son pelage, signe d’affection. Elle grogna et lui rendit le salut. Oui, c’est la deuxième chose où elle ne changera pas de toute sa vie : elle adire Blaise. Peut-être pas au point de modifier leur relation, comme il l’espère. Non. Sûrement pas. C’était presque comme un frère pour elle. C’était comme un frère. Après tout, c’était lui qui l’avait transformée.

Elle fit pencher sa tête de côté, montrant l’endroit où se trouvaient habituellement les semis. Il sembla déçu mais la suivit sans rechigner. Arrivés à destination, Holly vit avec plaisir les mines découragées de ses congénères. Elle savait qu’elle était la seule à adorer sa condition. Et… Mais… Si on se transformait seulement sur consentement, ils n’avaient qu’à réfléchir tiens ! A moins qu’en vieillissant elle devienne aussi rabat-joie qu’eux. Si elle vieillissait.

Rien que l’idée d’avoir un jour trente ans lui faisait hérisser les poils. Ah ben tiens, voilà. Elle s’approcha du grand black. Ben oui. Malgré tout ce (peu) de temps écoulé, pour elle, ce serait toujours le chef ou le (grand) black. Incorrigible.